Comment faire aimer tous les goûts à nos enfants ?

Auteur :

Aurélie Gameiro

Publié le 02/11/2023 • Mis à jour le 29/11/2023 •

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4 min.

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Allez, encore une bouchée pour papa”, “si tu manges tes brocolis, tu seras grande et forte”, “si tu ne finis pas ton assiette, pas de dessert”. À chaque repas, c’est la même ritournelle : supplications, menaces, dissimulations et bruits d’avions, rien n’y fait ; votre progéniture se refuse à avaler le contenu de son assiette. Il faut dire que ce plat de knacki-purée-haricots n’est pas réellement folichon. Voici donc quelques astuces pour pimenter, au sens figuré, les repas de vos tout-petits…

Des goûts décuplés !

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi votre enfant grimace à chaque nouvelle saveur ? Ou pourquoi votre petit chou d’amour prend un air surpris dès qu’il mange une fraise, quand c’est pourtant la 5e fois qu’il en mange dans la semaine ? La réponse est à chercher du côté de l’anatomie. Avec 5 fois plus de papilles gustatives que les adultes, les enfants sont beaucoup plus sensibles aux goûts. Conséquence : en moyenne, les tout-petits doivent goûter une nouvelle saveur 10 à 15 fois avant qu'elle ne soit familière à leur palais.

 

"En moyenne, les tout-petits doivent goûter une nouvelle saveur 10 à 15 fois avant qu'elle ne soit familière à leur palais."

Autrement dit : il va falloir s’armer de patience avant que le chou de Bruxelles ne devienne le légume préféré de Gustave ou qu’Alma accepte enfin de manger sa poire. Pour autant, différentes méthodes et autres tactiques peuvent entrer en jeu pour l’aider à se familiariser avec sa nourriture et faire du repas un véritable moment de fête pour les papilles et de répit pour votre esprit.

Les yeux sont-ils plus importants que le ventre ?

On pense souvent que la clé d’un repas réussi réside dans son goût. Au risque de vous décevoir, vous vous mettez le doigt dans l'œil. Oeil qui est pourtant très précieux :

"Quand on parle de nourriture, la vue du plat est tout aussi importante que son goût !"

Plusieurs études ont ainsi révélé le lien inaliénable entre les deux. Par exemple, à l’Institut des sciences, de la vigne et du vin de Bordeaux, 54 étudiant(e)s ont goûté deux vins : l’un de couleur blanche, l’autre de couleur rouge. Une fois dégustés (avec délice à ne pas en douter), les participant(e)s étaient catégoriques : ils avaient goûté deux vins différents. Or, il s’agissait bien du même vin blanc, le second ayant été coloré artificiellement en rouge. De la même manière, une étude réalisée par l’université d’Oxford en collaboration avec celle de Valence a démontré que le même chocolat chaud était considéré comme meilleur dans un mug orange que dans un mug rouge ou blanc.

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Manger : une expérience multi-sensorielle !

S’il est communément admis que l’odorat et la vue sont aussi importants que le goût, un sens est relayé aux oubliettes quand on parle d’alimentation. En effet, le toucher, trop souvent contraint lors du repas (purée de carottes et petits doigts ne faisant généralement pas bon ménage mais plutôt beaucoup de ménage…), se révèle en réalité central.

Dans une très sérieuse expérience de l’université de Nottingham, des enfants ont été séparés en deux groupes : ceux nourris à la cuillère et ceux par la méthode du baby-led weaning (terme un chouïa prétentieux pour parler de la pratique laissant l’enfant se diriger et consommer la nourriture de son choix, avec les mains). Ce qui en ressort : les cuillères sont team sucre rapides quand les petites mains potelées, elles, préfèrent les sucres lents (pain, pâtes, etc.). L’hypothèse des scientifiques derrière cette différence de goût(s) ? Le contact avec l’aliment qui, dans le cas de la petite cuillère, est souvent réduit en bouillie, vs. l’aliment en lui-même qui permettrait aux tout-petits de mieux prendre conscience de ce qu’ils mangent. Une trouvaille de poids :

"Laisser son enfant manger avec ses doigts permettrait ainsi de privilégier les aliments les plus sains, et donc de réduire les risques d’obésité infantile !"

En bref : la recette pour un enfant qui termine son assiette 

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On veut du peps, du croquant, du fondant !

Mettez de la couleur dans l’assiette de votre enfant : pour cela, les fruits et légumes sont, pour une fois, vos meilleurs alliés ! Pour aller plus loin, si le cœur vous en dit, et surtout si vous avez beaucoup de temps devant vous, vous pouvez vous amuser avec la forme des aliments. Des légumes sculptés en animaux adorables, des fruits taillés en fleurs, ou des sandwiches découpés en forme de personnages de dessins animés sont autant de moyens créatifs de rendre les repas plus attrayants pour les petits. Ces présentations ludiques suscitent leur imagination et les incitent à essayer de nouvelles choses. Cerise sur le gâteau, en fonction de l’âge de votre progéniture, cela peut constituer une activité à faire ensemble sur une après-midi !
 

Jouez avec les textures

Des légumes croquants, des graines grillées ou encore des gâteaux moelleux offrent une expérience tactile amusante et engageante. En combinant différentes textures dans un seul plat, vous encouragez les petits humains à explorer et à développer leur palette sensorielle.

(Essayez) de cuisiner

Rien de mieux pour ouvrir l’appétit que de sentir le délicieux parfum d’un plat fait maison. Mais pas besoin de grande gastronomie ou de passer des heures derrière les fourneaux ! Une salade composée comme un simple sandwich peuvent parfaitement faire l’affaire. L’enjeu : donner envie en faisant réagir l’odorat et l’ouïe. En fonction de l’âge, vous pouvez même faire contribuer votre descendance à ce moment !
 

Armez-vous de patience

Comme pour toute recette, même en suivant les instructions à la lettre, il peut y avoir des ratés. Pas question d’en faire un drame. D’autant que le fait de choisir quelle nourriture nous mangeons ou non est la première véritable décision que nous pouvons prendre. Le premier acte d’indépendance de nos tout-petits. Donc dites-vous que si votre enfant recrache sa purée à votre visage, c’est juste son cheminement vers l’autonomie (et cela fera le bonheur du chien).

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