La kidologie, c'est quoi ?

Auteur :

Philothée Gaymard

Publié le 16/01/2023 • Mis à jour le 21/04/2023 •

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3 min.

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Pourquoi nous lançons notre média sur la science des tout-petits.

À l’origine de Kidologie, il y a l’envie d’explorer la “science de l’enfance”. Or, ce n’est pas une discipline constituée – ce qui est peut-être normal, puisque les enfants sont des humains comme les autres, qui n’auraient donc pas besoin d’un champ de recherches “à eux”.

Les enfants, un sujet de recherche récent

Mais, tout de même, il est vrai que “les milieux scientifiques ont mis du temps à s’intéresser à l’enfant comme sujet légitime de recherche”, comme le raconte le sociologue de l’enfance canadien André Turmel dans la revue Spiritualitésanté du CHU de Québec. Du XVIIIe au XXe siècle, si on s’est de plus en plus intéressé aux enfants, c’est d’abord pour mieux comprendre les spécificités des maladies infantiles, puis pour définir ce qu’était un développement physique et cognitif “normal” (avec les courbes de croissance d’un côté et les tests de QI de l’autre). André Turmel rappelle qu’au XIXe siècle, l’étude des enfants était ainsi fortement ancrée dans la biologie : il s’agissait pour les scientifiques d’élaborer des “lois universelles” du développement humain, comme on l'avait fait pour les sciences naturelles. Au début du XXe siècle, on commence quand même à prendre en compte l’“hygiène mentale” comme l’une des composantes essentielles de ce développement.

La science de l’enfance, au croisement de toutes les sciences

Aujourd’hui, partout où on regarde, il nous semble qu’on peut lire, regarder, écouter une infinité de ressources sur les spécificités de l’enfance : le développement psychomoteur, le bien-être émotionnel, les méthodes d’apprentissage alternatives, l’éducation bienveillante, etc. Pourtant, certaines disciplines jugent encore le champ de l’enfance sous-investi. En amont d’un séminaire organisé à l’ENS en 2022 sur les sciences sociales de l’enfance, des chercheurs de l’EHESS et du CNRS écrivaient ainsi : “c’est peu dire que l’étude de l’enfance n’appartient pas aux sciences sociales. Lorsqu’il s’agit [...] d’expliquer comment [les enfants] grandissent, pourquoi ils pensent comme ils pensent, ou encore ce qui les pousse à agir, on attend [moins] le sociologue, le politiste, l’historien ou l’anthropologue.”

Dans un cheminement presque inverse, on voit ailleurs les sciences “dures” venir en appui des sciences sociales. Le professeur canadien Michel Boivin mène ainsi des travaux de recherche à l’université de Laval qui associent psychologie, éducation, neurosciences et génétique. De son propre aveu, lui qui a été formé à la psychologie sociale, il ne faut pas ignorer la composante génétique au profit des seuls “facteurs sociocontextuels et environnementaux”.

Bref, la “science des enfants” n’a pas fini de se développer et d’être investie par de multiples disciplines qui dialoguent entre elles. Et c’est une partie de ce fourmillement intellectuel que Kidologie veut relayer. C'est justement de là que vient notre nom, un mot inventé par la rédaction :

kidologie (n.f.) :
De l’anglais kid (“enfant”) et du grec lógos (“parole, discours”).
Littéralement, “la science des enfants” !

(On avait aussi pensé à "puérilogie", "pédosophie" ou "enfantologie", mais ça sonnait quand même moins bien.)

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Les goûts, les couleurs, les formes, les gestes… tout est kidologie !

Bien sûr, le sujet est incroyablement vaste. Mais nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur le conseil scientifique de Bugali pour creuser nos marottes à nous : l’acquisition du vocabulaire et du langage oral, la coordination sensorielle pour mieux apprendre, la gestuelle et le rapport à l’objet, les couleurs et les formes comme premiers véhicules pour découvrir le monde, la pédagogie par l’action et l’autonomie de l'enfant...

Tous ces sujets touchent, de près ou de loin, à la lecture – et plus précisément à l’objet livre, avec les interactions parent-enfant qu’il permet et la mobilisation de tous les sens qu’il invente. Ils s’approchent aussi du vaste continent des technologies éducatives et, plus généralement, de la tech pour les enfants – puisque les tout-petits grandissent dans un monde où la technologie est omniprésente, et qu’il est de notre devoir d’en comprendre les effets.

Loin des idées reçues et des vérités générales, loin aussi de toute injonction, nous lançons donc Kidologie : un média qu’on espère intelligent et sympa pour mieux comprendre et accompagner nos enfants à mesure qu’ils grandissent dans leur corps, dans leur tête et dans leur cœur.

Bonne lecture !

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