Comment j’écris pour les enfants (non, ça n’est pas plus simple que pour les “grands”)

Auteur :

Maxime Bourdier

Publié le 19/04/2024 • Mis à jour le 19/04/2024 •

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4 min.

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Mes lectures, des formations mais aussi mes expériences personnelles enrichissent chaque jour mon travail d’auteur, voici comment.

En tant qu’auteur chez Bugali, j’écris des dialogues, comptines, chansons, poèmes ou encore des jeux. Ces textes participent au travail d’”augmentation” que nous menons, avec l’ambition de faire des livres choisis avec nos maisons d’édition partenaires de vraies aventures sonores.

Pour développer mon expertise, ouvrir la réflexion et m’inspirer dans mon écriture, je m’appuie d’abord sur des lectures et ma propre expérience. Père de deux enfants, je suis immergé chaque jour dans les livres, les histoires, l’imaginaire et ça m’est très précieux. Dans le cadre professionnel, je mène aussi une veille de l’édition jeunesse et je suis des formations. Non pas pour “apprendre à écrire” mais pour améliorer mes connaissances de la littérature jeunesse et son histoire, y dénicher des réflexions qui enrichiront mon travail.


 

Les livres, première source d’inspiration

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Chez Bugali, ce sont d’abord les livres que nous adaptons - très différents de par la tranche d’âge qu’ils concernent, leur thématique, leur univers - qui nous inspirent. Qu’il s’agisse du Bisou arc-en-ciel pour les petits ou de Bienvenue chez moi pour les grands, l’objectif est toujours le même : offrir une expérience de lecture immersive aux enfants par nos textes, nos compositions musicales et nos effets sonores, en cohérence avec le livre d’origine.

Au cours d’une formation suivie à l’École du livre de jeunesse sur les albums inoubliables des enfants, j’ai été interpellé par l’importance - relativement récente - donnée au rapport texte-image, qui a du sens quand texte et illustration se répondent. C’est ce que je m’efforce de faire dans l’écriture de mes textes : ne pas répéter ce que disent la narration et l’image, ni apporter une confusion au récit, mais proposer un troisième discours qui l’amplifie et le magnifie. Tout en ayant en tête qu’il s’agira d’un texte sonore, enregistré par des comédiens en studio et donc joué, “théâtralisé”.


 

L’enfant au centre de la réflexion

Au détour d’une autre formation, toujours à l’École du livre de jeunesse, sur le renouveau de l’album en France dans les années 1960-1970, j’ai aussi été particulièrement marqué par la façon dont l’enfant et son point de vue se retrouvaient au centre de la réflexion. En France, ce renouveau a été porté notamment par l’éditeur François Ruy-Vidal (avec l’Américain Harlin Quist). Cet ancien enseignant est un partisan de l'Éducation nouvelle, qui défend une pédagogie active valorisant l’imagination de l’enfant, sa liberté et sa créativité.

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Durant ces décennies sortent des ouvrages aux formats innovants et aux récits surprenants, en rupture avec des livres du passé perçus comme moralisateurs ou édulcorés. L’enfant étant (enfin) considéré comme une personne à part entière, des thématiques complexes peuvent aussi être abordées. J’y ai trouvé un écho avec notre approche fondée sur l’interactivité, favorisant l’engagement actif et l’autonomie de l’enfant. Prendre ce dernier au sérieux, cela se retrouve aussi dans le choix de livres porteurs de valeurs chères à Bugali comme l’écologie (Où êtes-vous), la solidarité (Le Manteau), la tolérance (Drôle de tête)... À mon niveau, il s’agit de trouver la meilleure façon d’augmenter ces ouvrages sans en faire trop, sans diluer leur message ni tomber dans la moralisation.

 

"Il s’agit de trouver la meilleure façon d’augmenter ces ouvrages sans en faire trop, sans diluer leur message ni tomber dans la moralisation", Maxime Bourdier


Encore plus d’ambition et d’exigence

Autre idée notable qui m’a beaucoup parlé lors d’une formation - et qui rejoint la précédente -, c’est, pour citer François Ruy-Vidal, qu’”un livre pour enfants est un bon livre quand il est un bon livre pour tout le monde”. Selon l’éditeur, “il n’y a pas de littérature pour enfants. Il y a la littérature”. C’était une façon de voir les choses assez nouvelle pour l’époque : la littérature jeunesse n’est définitivement pas une littérature “au rabais”, l’écriture de textes à destination des enfants non plus.

 

"Un livre pour enfants est un bon livre quand il est un bon livre pour tout le monde", François Ruy-Vidal


 Comme le disait aussi très bien l’autrice Sophie von der Linden au sujet de son livre Tout sur la littérature jeunesse : de la petite enfance aux jeunes adultes, “écrire pour la jeunesse ce n’est pas faire plus simple, plus accessible, plus accrocheur. C’est s’adresser à des lecteurs qui ont des besoins mais aussi des compétences spécifiques.”

Dans mon travail, j’essaie de garder toujours ce principe à l’esprit, que ce soit à travers un poème nostalgique sur l’été dans Graines de sable, une chanson sur l’amitié dans Mon chien qui sert à rien, des dialogues tendres dans Qui que tu sois ou encore un jeu survolté dans Extra. C’est justement parce que l’on s’adresse à des enfants que l’ambition est de donner le meilleur de nous-mêmes dans toutes nos créations.
 

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